Mais qu'est-ce?

Histoire histrionique est un blog avec lequel j’aborde diverses anecdotes historiques d’une façon… D’une certaine façon en tout cas. En général, les faits présentés devraient être véritables. En revanche, j'hésiterais à utiliser ce blog comme référence pour votre thèse.

7.4.09

Un joyeux bataillon grecque

Avouez que la frontière entre «homosexuel» et «vraiment viril» est souvent bien mince… Gars de sports, casses-cous, joueurs de football… Ils se donnent des petits surnoms genre «Poupou» et se tapent sur les fesses allégrement sous la douche. Je crois qu’ils nous cachent certaines de leurs activités.

«Faque j’tais a’ec Paquette pis Slo-Mo din trails pis là, on tombe face à face avec Poupou. Y’étais a’ec Duquette pis Mené. On s’est battus dans bouette… Après ça on est allé chez nous pour mon club de lecture, j’ai présenté Tristan et Iseult au groupe…»

Ouf, tout ça me donne des flashbacks de Saint-Herpès de Clifford de Beauce (si on exclut la dernière phrase). Mais bref, j’espère que vous voyez ce que je veux dire.

Un sentiment d’ambiguïté devrait vous envahir… maintenant!

J’aurais bien pu mettre une photo de Village People pour avoir un effet similaire. Oui, une ligne mince entre «gai» et «viril» ou «puissant»… La minceur et le flou de cette frontière ont été tout à fait compris par Gorgidas, le commandant de guerre Thébain qui a créé «le bataillon sacré de Thèbes» en 378 avant Jici (JC, Jésus Christ).

Thèbes était la cité principale en Béotie, une région/empire au centre de la Grèce. À l’image de Rome (un empire sous l’égide d’une ville) et de Carthage (un autre empire sous l’égide d’une ville), Thèbes était un empire de type «cité-état». C’était la troisième ville grecque d’importance après Athènes et Sparte, deux autres cités-états que l’on connaît généralement mieux. Il faut comprendre que bien que toutes ces villes soient Grecques, ces cités-états se faisaient la guerre. Spartiates contre Argos, les Athéniens contre les Spartiates, les Spartiates contre les Thébains et les Corinthiens… Ah… Si vous avez l’étrange impression de connaître les Corinthiens, c’est qu’ils sont les malheureux qui ont reçu des centaines de lettres du fatiguant de Saint-Paul (voir Bible) qui voulait absolument leur dire quoi faire et ne pas faire. Comme s’est demandé l’humoriste Eddie Izzard: Saint-Paul les adressait comment ses lettres aux Corinthiens? «Aux Corinthiens, Corinthe»??? Qui est-ce qui ouvrait les lettres… Dans un autre ordre d’idées, il reste quelques cités-états dans le monde moderne, on pense à Singapour, Monaco et au Vatican. La grosse différence est que le territoire contrôlé par ces cités-états est minime et se limite au territoire de la municipalité…

Gag 100% volé à Eddie Izzard.

Les Spartiates ont dominé les autres cités-états pendant quelques siècles avec des guerres individuelles. C’est un peuple fascinant qui est l’objet de l’affection d’énormément de «fans» de l’Histoire de la Grèce antique. Au 4e siècle par contre, les autres cités-états commencent à en avoir et assez et s’allient. Rapidement, les Spartiates se retrouvent en guerre contre l’alliance Athènes-Thèbes-Argos-Corinthe-(Perse). Les Spartiates avaient la mauvaise habitude d’envahir Thèbes et la Béotie, mais au moment où Gorgidas, le commandant Thébain, crée le bataillon sacré, le vent a tourné en faveur des Thébains à la suite d’une rébellion à l’intérieur de la ville…

L’idée derrière ce bataillon vient d’un livre écrit par Platon dans lequel il émet l’idée qu’une armée devrait être composée d’amants et d’amoureux qui ainsi ne pourraient pas abandonner leurs compagnons d’armes et combattraient férocement. L’histoire ne dit pas trop si Platon avait en tête un idéal, une sorte d’armée d’hommes et de femmes… Mais Gorgidas prend le message au pied de la lettre. Comme il n’y a pas de femmes dans l’armée, on doit se contenter d’homosexuels. Ainsi est né le très gai bataillon sacré de Thèbes en 378 avant Jici.

À la manière grecque, les couples étaient toujours composés d’un homme un peu plus âgé et de son petit jeune. Le bataillon sacré était un régiment de 300 hommes et il devint rapidement une force élite qui fit en grande partie responsable du pouvoir de Thèbes à l’époque.

Notez que ce groupe de 300 Thébains homosexuels n’a rien à voir avec les 300 Spartiates du film «300». Les différences entre gais et virils devraient être évidentes.

Manifestement pas la même chose.

Le bataillon sacré joue un rôle clé dans plusieurs combats, entre autres contre les Spartiates à la bataille de Tégyres. Lors de cette bataille, les 300 Thébains gais font face à près de 2000 Spartiates et remportent la victoire. C’est comme le scénario inverse du film 300 où 300 Spartiates font face à des milliers de Perses et gagnent. Dans le film, ils font face à des MILLIONS de Perses… Too bad qu’à cette époque, la population de la Terre entière était d’à peine quelques centaines de millions, et que par conséquent l’armée de Xerxès le Perse devait alors représenter un pourcentage significatif de la population mondiale totale!?!

Le bataillon sacré participe aussi à la victoire thébaine contre les Spartiates lors de la bataille de Leuctres, une des batailles les plus importantes de la Grèce antique qui contribue grandement à réduire l’influence de Sparte.

Ce n’est que 40 ans après sa création que le bataillon verra sa dernière bataille, en 338 avant Jici. Le Macédonien (Macédoine, une autre région Grecque) Philippe II a été un otage à Thèbes et a appris les tactiques de guerre des Thébains. Philippe II est le père du très connu (et aussi très gai) Alexandre le Grand. Philippe II réussit à unir presque toutes les cités-états grecques et c’est son fils Alexandre qui fera d’immenses conquêtes au nom de la Grèce. L’empire grecque, pendant un temps, s’étendra jusqu’en Égypte et en Inde…

Lorsque libéré, Philippe II rejoint son fils et ses Macédoniens et plus tard ils se retrouvent en conflit avec Thèbes au début de l’unification grecque. Ils utilisèrent les fameux soldats phalanges avec leurs longues lances pour contrer l’armée de Thèbes. Le résultat est dévastateur. Les Thébains sont déroutés, mais le bataillon sacré de Thèbes refuse d’abandonner et de bouger; ils défendent leur position et se font presque tous tuer. Seule une quarantaine sont pris vivants.

Respectueux de leur courage et de leur bravoure, les Thébains font ériger un monument à Chéronée, le lieu de la bataille et l’endroit où ces soldats du bataillon sacré sont tués et mis en terre. Philippe II, à la vue des corps agglutinés et comprenant de quel bataillon il s'agissait, est ému par le courage de ces soldats Thébains gais et ennemis et dit, en larmes: «Que périsse tout homme soupçonnant que ces soldats aient subi ou fait quelque chose de mal» (traduction libre et difficile).

Le lion de Chéronée à la mémoire du bataillon sacré.

Lorsque des archéologues creusent, ils trouvent 254 squelettes placés en 7 rangées, ce qui vient corroborer l’Histoire écrite. Le lion a été perdu et restauré à plusieurs reprises, mais il existe toujours.

PS: J'ai écrit sur un des sujets qui n'a pas encore reçu de votes... HAHA. In your face. Continuez à voter en grand nombres...

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